Se connecter à Internet en bateau : quels réseaux sont disponibles ?
Lorentz Duboucher, rédacteur chez Top Tech Panel depuis 2017
Connexion internet à bord : une nécessité moderne
Que ce soit au port ou en navigation, l’accès à internet répond à de nombreux besoins pratiques. Téléchargement de données météorologiques, consultation des emails, navigation web ou divertissement numérique constituent autant de raisons valables de maintenir une connexion. Wifi, réseaux mobiles 4G et communications satellitaires offrent différentes solutions adaptées à chaque situation de navigation.
Se connecter à Internet en bateau : quels réseaux sont disponibles ?
Les solutions de connectivité selon la zone de navigation
Au port :
exploitation des réseaux Wifi locaux
Les réseaux Wifi présentent une portée limitée, généralement inférieure à 250 mètres dans des conditions optimales, ce qui restreint leur utilisation aux zones portuaires. Ces réseaux sont généralement fournis par les capitaineries, les établissements de restauration ou les commerces locaux. L’accès peut être libre ou protégé par authentification, cette dernière étant fournie par le gestionnaire du réseau. Bien que certaines capitaineries facturent ce service, l’utilisation du Wifi ne nécessite ni abonnement spécifique ni carte SIM.
La propagation des ondes Wifi demeure sensible aux obstacles environnementaux. Les bâtiments, infrastructures portuaires et concentration de mâts peuvent considérablement dégrader la qualité de réception. Les antennes intégrées aux appareils mobiles s’avèrent parfois insuffisantes pour établir une connexion stable. Des antennes externes permettent d’améliorer significativement la réception et d’étendre la portée. Ces équipements se connectent aux ordinateurs via ports USB ou RJ45, ou intègrent un routeur pour redistribuer le signal vers les appareils mobiles.
En navigation côtière :
les réseaux mobiles 3G et 4G
Les réseaux de télécommunications mobiles offrent une couverture supérieure aux réseaux Wifi. Cependant, leur disponibilité en mer dépend directement de la proximité des stations de base déployées par les opérateurs.
Un smartphone standard permet de maintenir une connexion jusqu’à environ 5 milles nautiques des côtes, selon les caractéristiques géographiques de la zone. L’installation d’une antenne 4G marine, telle que la Glomex Webboat Lite, permet d’améliorer la qualité de réception et d’étendre la portée jusqu’à 15 milles nautiques.
Cette antenne assure la connexion aux réseaux 3G et 4G tout en basculant automatiquement vers le Wifi lorsqu’un réseau est détecté. Elle redistribue ensuite la connexion vers les appareils embarqués, supportant jusqu’à 24 connexions simultanées. Son fonctionnement nécessite une carte SIM associée à un forfait adapté.
En navigation hauturière :
les communications satellitaires
Pour les croisières au long cours et les grandes traversées, les communications satellitaires constituent l’unique solution de connectivité disponible en haute mer.
Les différents opérateurs satellitaires
Plusieurs opérateurs proposent des services de communication satellitaire avec des zones de couverture variables.
La constellation Iridium offre la couverture géographique la plus étendue, incluant l’ensemble du globe terrestre, zones polaires comprises.
Le réseau Inmarsat assure une couverture mondiale à l’exception des régions polaires.
L’opérateur Thuraya dessert l’Europe, le bassin méditerranéen, l’Asie, l’Australie et l’Afrique, à l’exception de l’Afrique du Sud.
Débits et performances selon les opérateurs
Les vitesses de transfert de données varient considérablement selon l’opérateur et l’équipement embarqué. Si cette différence n’affecte pas la qualité des communications vocales, elle influence directement les temps de téléchargement des fichiers. Iridium propose un débit de 9,6 Kbps. Inmarsat offre 2,4 kbps avec le combiné Isatphone 2, mais peut atteindre 150 kbps avec le terminal Fleet One. Thuraya délivre également 9,6 kbps.
Équipements disponibles par opérateur
Solutions Iridium
La gamme Iridium comprend deux types de combinés téléphoniques : le modèle standard 9555 et la version renforcée Extreme 9575, conçue pour résister aux conditions maritimes difficiles. Ces appareils gèrent les communications vocales, les SMS et le transfert de données comme les fichiers météorologiques.
Le Hotspot Iridium Go! constitue une alternative intéressante. Fonctionnant comme un modem satellite, il crée un réseau Wifi d’une portée de 30 mètres pour connecter smartphones, tablettes et ordinateurs. L’appareil s’utilise via des applications dédiées permettant les appels vocaux, l’échange d’emails et la réception de données météo. Malgré un débit stable, les performances restent limitées et inadaptées à une navigation web standard.
Solutions Inmarsat
L’Isatphone 2 permet les communications en bas débit. Pour bénéficier d’une connexion haut débit jusqu’à 150 Kbps, le terminal Fleet One s’impose. Cet équipement, livré avec une antenne radôme externe, se connecte directement à un ordinateur via Ethernet. L’ajout d’un routeur Wifi Optimizer permet de partager la connexion entre plusieurs appareils mobiles.
Solutions Thuraya
Thuraya propose deux appareils : le X-Lite, téléphone satellite traditionnel, et le X5-touch, premier smartphone hybride GSM/satellite. Ce dernier intègre deux emplacements pour cartes SIM, permettant l’utilisation simultanée d’une carte terrestre classique et d’une carte Thuraya. L’appareil bascule automatiquement entre les deux réseaux selon la disponibilité.
Cartes SIM et forfaits
L’acquisition d’un terminal satellite nécessite également une carte SIM et un crédit prépayé. Les cartes standard conviennent aux communications vocales et à l’utilisation de base du hotspot Iridium Go!.
Pour l’envoi et la réception de fichiers volumineux comme les données GRIB ou les cartes météorologiques via les terminaux Iridium, les cartes SIM optiACCESS s’avèrent indispensables. Ce service propose la génération de fichiers météo Grib pour le routage, des images satellites et des bulletins météorologiques zonaux. La compression des données et l’automatisation des requêtes réduisent significativement la consommation de crédit. Attention : ce service est exclusivement lié aux cartes SIM spécifiques et doit être choisi dès l’achat.
Les recharges prépayées se définissent par leur volume de minutes et leur durée de validité, par exemple 200 minutes valables 6 mois. Chez Iridium et Inmarsat, le crédit non consommé peut bénéficier d’une extension de validité. Une carte SIM Iridium expirée reste rechargeable pendant 270 jours supplémentaires, au-delà elle devient inutilisable.
Obligation réglementaire
La réglementation maritime française, via la Division 240, recommande un équipement de réception des prévisions météorologiques pour les navigations semi-hauturières et hauturières, soit au-delà de 6 milles d’un abri. En haute mer, les communications satellitaires constituent la solution la plus fiable pour répondre à cette exigence.
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